
La mulette perlière (moule d'eau douce)
Margaritifera margaritifera
20 juillet 2016
Sa population estimée à 100 000 individus en France est présente dans cinq grands ensembles distincts : les Vosges, le Morvan, le Massif Central, la partie ouest des Pyrénées et le Massif armoricain. Actuellement dans ce dernier, 24 rivières réparties sur 11 bassins versants l’hébergent encore. Dans 15 de ces cours d’eau, l’effectif est inférieur à 100 individus Seulement neuf rivières ont donc une population supérieure à 100 individus avec la présence de quelques jeunes, notamment sur le sous-bassin de la Sarre. La population totale est ici estimée entre 5 000 et 6 000 individus : les bassins versants de l’Aulne et du Blavet hébergeant plus de la moitié de cette population.
Parmi les sites où l’on trouve des mulettes perlières, on compte des communes adhérentes au réseau BRUDED qui abritent à elles seules les 2/3 de la population bretonne :
Devant ce constat de fort déclin, l’association Bretagne vivante a sollicité l’aide de l’Europe dès 2010 pour monter un programme ambitieux visant la conservation de cette espèce fragile et menacée. Le programme LIFE+ « Conservation de la mulette perlière d’eau douce du Massif armoricain » vise à enrayer ce déclin et à sauvegarder les populations restantes. Ce programme « de la dernière chance », s’est déroulé en Bretagne et Basse-Normandie de septembre 2010 à août 2016 et visait à mettre en culture l’espèce dans le Massif Armoricain afin de maintenir voire développer de véritables « rivières vivantes ». Le fort intérêt patrimonial de la mulette, véritable témoin du creusement des vallées du massif armoricain, fait d'elle l'espèce à préserver par excellence. L’objectif majeur du programme était de maintenir et améliorer les effectifs de mulettes par la réalisation d’une station d’élevage (à Brasparts (29), sur l’Elez), action phare, qui permettra de disposer d’individus de différentes classes d’âge dans le but de prévenir leur disparition du milieu naturel. Au-delà, le projet est intervenu sur des aspects pédagogiques auprès du grand public, d’élus et de professionnels : visites de sites, réalisation d’un film sur le projet, édition de documents de sensibilisation et de communication, etc. La fédération des acteurs et du grand public autour de la restauration de l’habitat permettra de donner toutes les chances à la mulette de retrouver la qualité des cours d’eau d’autrefois.
À ce jour, la majorité des actions prévues ont pu démarrer comme prévu. L’état des lieux des six bassins versants accueillant les rivières à mulettes perlières est réalisé et le travail sur les plans de conservation est aujourd’hui terminé. Les projets d’Arrêtés préfectoraux de protection de biotope sont en cours. Toutes les études scientifiques prévues ont pu être effectuées et les demandes d’autorisations relatives au volet sanitaire du projet ont été obtenues. Pour finir, les inventaires complémentaires sur les sites sont achevés ce qui permet d’avoir une nouvelle vue d’ensemble des populations de mulettes. La station d’élevage fonctionne depuis 2012. Le suivi de la qualité du milieu (eau, substrat, environnement) s’est poursuivi et a notamment pu mettre en évidence certains sites favorables pour le renforcement de populations de l’espèce. Toutes les actions de sensibilisation ont été réalisées.
Le programme touche à sa fin mais les mulettes ne sont pas encore totalement sorties d’affaire. Il reste beaucoup de travail pour maintenir la qualité des eaux et permettre à cette espèce de grandir (une moule peut vivre jusqu’à 100 ans…), se reproduire et tapisser à nouveau les fonds des cours d’eau du massif armoricain. D’autres outils seront mis en place à l’avenir tel l’extension des zones Natura 2000 qui vont conforter les espaces naturels identifiés. Les communes de Séglien et Malguenac ont d’ailleurs organisé une réunion publique en juillet pour expliquer aux habitants, et aux exploitants agricoles en particulier, les tenants et aboutissants des zones Natura 2000 et de leur intérêt vis-à-vis de cette espèce fragile en particulier et très bien représentée sur leurs territoires respectifs (ruisseau de la Bonne Chère).
In fine, la présence de la mulette perlière garantit la qualité d'un cours d'eau : si on arrive à faire en sorte qu’elles soient préservées dans le milieu sauvage c'est qu'on aura aussi réussi à retrouver des cours d'eau de très bonne qualité… c’est donc une opération bénéfique pour une espèce en voie de disparition et le milieu aquatique breton qui mérite aussi d’être préservé. Du gagnant-gagnant, en somme…
En savoir plus : http://www.life-moule-perliere.org/
Contact : Pierre-Yves Pasco, Bretagne Vivante
Crédits photo : René-Pierre Bolan et Hervé Ronné